Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

amour sont quelquefois impuissants… »

Il poussa un profond soupir, se rapprocha un peu de sa pénitente, baissa encore plus secrètement la voix : ― « De la maladie du scrupule, le plus grand obstacle apporté à la perfection, oui, à la perfection… Oh ! ne vous y trompez pas, le scrupule n’est pas l’alarme d’une conscience délicate, qui porte à craindre et à éviter avec sollicitude le péché, mais la vaine appréhension mal fondée et pleine d’angoisse qui, avec un art diabolique, cherche et arrive à voir le péché là où il n’est pas. Le doute, lui, c’est la suspension de l’intelligence entre deux extrêmes qui offrent tous deux des raisons de probabilité ; le doute est raisonnable, tandis que le scrupule ne l’est pas et ne saurait jamais l’être, car s’il était raisonnable, il cesserait d’être scrupule… Vous me comprenez ? reprit-il avec un ton de douleur, je parle de cette disposition d’esprits opiniâtres qui, refusant de se livrer entièrement à l’arbitre qui dirige leur conscience, ne s’en rapportant pas à ce qu’il prescrit, ne mettant pas en lui leur confiance et leur