Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/254

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tranquillité entières, s’agitent sous les pensées déraisonnables, les ombres de leurs imaginations, les suggestions, les fausses subtilités ; je parle de ces consciences qui ne veulent pas être conduites et régies, de ces consciences timorées, et qui, selon la remarque de Laurent Justinien, ne peuvent faire un pas sans craindre de pécher… Saint Bernard n’a-t-il pas dit : « La tribulation produit la pusillanimité, la pusillanimité le trouble, et le trouble enfante le désespoir » ? C’est alors que sous la tempête des affections turbulentes, ces âmes sentent s’étouffer en elles, comme sous un buisson d’épines, les aspirations divines, entrent dans les ténèbres, et à la fin, entraînées par une consternation intérieure, se précipitent dans l’abîme de la damnation, si… ― fit-il avec une suspension de quelques secondes ―… leur mal spirituel vient à s’accroître. Est-ce que dans cet état d’âme, que je viens, ma sœur, de vous exposer bien incomplètement, vous ne retrouvez pas beaucoup de vous-même ? »