Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/285

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avec une sorte de colère, une impitoyabilité presque jalouse, prenant à tâche de l’abaisser, de la ravaler à l’avilissement et à l’amertume, jetant le découragement, le mépris, le dégoût à ses actions, à ses efforts, à sa bonne volonté, lui parlant comme à un être de cendre et de poussière, descendant à elle comme à la plus misérable des pécheresses. À tout moment, il se donnait le plaisir de rompre et de briser ses résolutions, la forçait presque, à chaque confession, de renoncer aux habitudes, aux liaisons qu’elle avait contractées avec certaines dilections saintes et spirituelles, exigeait d’elle qu’elle fit violence à ses plus légitimes désirs, qu’elle se privât des satisfactions et des jouissances permises. Il lui prescrivait ce qui répugnait à sa raison, ce qui était pénible à ses goûts, la pliait aux contrariétés et aux exigences tyranniques, aux ordres et aux caprices d’une toute-puissance supérieure, en la tenant sans trêve, sans arrêt, sous la plus tourmentante mortification. Et à ce supplice, il mettait un art étudié, le raffinement de l’expé