Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/29

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Elle s’oubliait, appuyée sur la barre de la fenêtre, une joue appuyée dans sa main, aspirant ce bleu, le haut du corps battu du voltigement des rideaux : la porte s’ouvrit derrière elle.

— Dort-il encore ? — demanda-t-elle à Honorine.

― Non, madame… Et si madame veut venir…

Honorine dit cela en souriant, et menant sa maîtresse dans sa chambre, elle la fit se pencher par une petite fenêtre.

Sous la fenêtre, il y avait une cour, un trou, un puits, mais un puits de jour comme en fait là-bas le soleil tombant d’aplomb entre quatre murs. Et au fond, un jardinet couleur de féerie, où les fruits ressemblaient à des fruits d’or, où de l’eau mettait comme une poussière liquide de diamants et de saphirs à travers des lueurs de feux de Bengale que se renvoyaient les murailles peintes à l’italienne, cruement bleues. La joie du Midi glissait et jouait sur le luisant des feuilles, le brillant des fleurs, bourdonnait dans le silence et la chaleur ; et des vols