Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/304

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Gervaisais il couvait une haine plus ardente, chaque jour, contre cette religion et ces prêtres qui semblaient lui changer sa maîtresse et ôter d’elle tous les jours un peu plus de son bonheur et de sa bonté. Ainsi attaquée, Honorine ne répondait rien, mais sa résistance muette laissait percer un peu de l’horreur que lui inspiraient les persécuteurs de Madame. Alors venaient des scènes de sa maîtresse, des violences presque, des rages saintes de conversion, où elle voulait l’arracher de force aux idées qu’elle devinait en elle, à son impiété. Une fois même, dans son exaspération, les mains de Mme Gervaisais, ces mains de femme du monde, s’oublièrent jusqu’à s’approcher, colères et prêtes à griffer, du visage patient et résigné de la domestique, qui baissa la tête en semblant dire à sa maîtresse :

« Faites, madame ! De Madame, je souffrirais tout… »

À ces éclats succédaient des froideurs glaciales, de durs : « Laissez-moi… je n’ai pas besoin de vous… » ; des paroles plus