Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ainsi dire, des notions et des acquisitions des années vécues ; en sorte que le cerveau d’une poitrinaire de quarante ans, revenant aux qualités primitives de l’enfance, est ramené et retourne par là à la pureté des pensées d’une petite fille de douze ans, d’un cerveau de première communion.

Puis enfin la phtisie lui donnait, sous la demi-asphyxie du gaz carbonique que les poumons ne peuvent expirer, une excitation, une perte du sang-froid de la tête, une ivresse légère, pareille à la griserie d’un petit enfant qui aurait bu de l’eau de seltz à jeun.


XCIV

Ainsi tout, la maladie qui la rongeait, la diminuait, la grisait, la continuité exténuante de l’exaltation, la constance d’une unique pensée fixe, l’appassionnement déréglé de tout son être, l’effort, la tension de toutes les facultés du cerveau et de toutes les volontés de l’imagination,