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Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/333

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s’unissant chez elle à de naturelles prédispositions pour les jouissances secrètes de l’amour divin, l’amenaient vite sur cette lisière à peine indéfinissable qui sépare la Vie Illuminative de cette Vie Unitive qu’on pourrait appeler le grand Toujours de l’âme en Dieu.

Elle entrait pleinement dans la relation directe et incessante, dans une sorte d’identification avec l’Infini, par une absorption, au delà de toute idée et de tout mot humain, où s’engloutissait son cœur. Toute morte à ce qui est le moi pensant et actif d’une personne, sa sensitivité suspendue par une étonnante et miraculeuse paralysie, une véritable catalepsie sainte, ― elle semblait s’envoler, se transporter plus haut qu’ici-bas, en un lieu céleste où, avec ses yeux de la terre, la femme voyait Jésus élargir, autour de sa tête pressée contre la sienne, sa déchirante couronne, approchant d’elle et lui faisant partager la moitié de ses épines et de ses clous !

Bienheureux délire, ivresses bénies, surexcitations folles de la Folie de la Croix !