Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/357

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bonheur, sa tendance innée à combattre son mal et sa souffrance, tout cela dont la Nature fait, avec sa force souveraine et providentielle, les attributs, le courage et la raison de toute vie vivante, ne lui paraissaient que des illusions, des mensonges, des fantômes de besoins et d’instincts. L’humanité s’en était allée d’elle.

C’est ainsi qu’elle descendait à la parfaite imitation de la mort dans la vie, à la mort spirituelle que les Pères de l’Église comparent si justement à la mort naturelle, en lui en attribuant les effets, les suites et les conséquences. Comme morte à elle-même, sa personne, remplie de son abjection, ne conservait pas plus de volonté que le cadavre entre les mains des ensevelisseurs. Comme morte à elle-même, les disgrâces, la confusion, les opprobres, les affronts, les humiliations, les souffrances, les injustices, les louanges et les mépris, les maux et les bonheurs, pouvaient passer sur elle, sans un mouvement de sa chair : elle avait par avance, pour tout endurer, l’insensibilité de son corps mis au tombeau. Comme