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XI

Il y eut, sous le règne de Louis-Philippe, une petite élite de femmes bourgeoises qui eurent le goût des choses d’intelligence : presque toutes n’ont laissé que la courte mémoire d’un salon étroit, et parfois quelques pages discrètes que relisent des amis.

Madame Gervaisais était un exemple et un type de cette race de femmes presque disparue aujourd’hui. Son intelligence, née sérieuse, s’était trouvée portée par la vie vers les études sérieuses. Ayant perdu sa mère toute enfant, élevée par un vieillard, elle ne se rappelait guère de son enfance qu’un vieux et sombre cabinet de lecture du passage de l’Opéra où son père allait lire les journaux et où, à force de supplications, elle obtenait d’être laissée par lui pendant la promenade qu’il allait