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Page:Goncourt - Madame Gervaisais, 1869.djvu/64

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qui doivent faire un jour la lumière sur tous les grands mystères de l’humaine pensée.

Ses initiateurs, ses guides, au milieu de cette poursuite des plus écrasants problèmes psychologiques, avaient été ces deux maîtres de la sagesse moderne : Reid et Dugald Stewart, les illustres fondateurs de l’École écossaise, les ennemis de la méthode analogique et hypothétique des écoles anciennes. Après avoir traversé tout le scepticisme de Locke, le matérialisme de Condillac, elle éprouvait pour ces deux philosophes la reconnaissance d’avoir eu, par eux, la délivrance d’une oppression, d’avoir, par eux, respiré sur ces purs sommets, pareils aux hauteurs du « Bon Sens », où Reid rend à l’homme le sentiment de sa dignité et base la morale et la métaphysique sur la puissance et l’excellence de la nature humaine. Et au culte de Reid, elle associait celui de Kant, qui pour elle avait fait découler la liberté, l’Homme-Dieu, du beau principe désintéressé qui est pour lui comme l’honneur de l’humanité et la clef