Page:Goncourt - Pages retrouvées, 1886.djvu/18

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brale de cet autre observateur d’humanité, Alphonse Daudet. On le trouvera, ce dernier article, à la fin du livre, après un acte de justice pour Barye, après une vivification de la causerie de Gautier qui est une page détachée des Mémoires littéraires de la seconde moitié du xixe siècle.

Tel est le départ, tels sont les arrêts, telle est l’arrivée, — telle est la course fournie. Ces Pages retrouvées ont donc, avant l’intérêt de leur facture, l’intérêt de leurs dates ; bien mieux encore que le roman En 18.., paru le 2 décembre 1851, qui est d’une fabrication paradoxale soumise à des influences, elles peuvent fournir le renseignement initial d’une biographie intellectuelle, par la liberté de leurs allures et la variété de leurs curiosités. C’est l’apprentissage d’un style, et c’est la jeunesse d’une pensée ; c’est la première exploration du champ de la vision par le regard d’yeux qui viennent de s’ouvrir sur les choses, et c’est le premier fonctionnement de cerveaux où germe et croît la moisson prochaine des idées. Il y a des scepticismes portés comme des cocardes et des hésitations avouées comme des pudeurs. Il y a, avec l’inquiétude naissante de la réalité, l’avidité de l’originalité et la glorification de la Fantaisie. C’est elle, la Fantaisie, qui gouverne cette littérature com-