sonne au crâne vide couronné de fleurs artificielles, qui se force à parler pour se targuer d’une originalité pénible, qui gambade sur place pour affirmer le jeu grinçant de ses ressorts. C’est une fille bien vivante, mais qui garde on ne sait quelle nostalgie au milieu de ses déraisons. Les Goncourt ne cabriolent pas à travers la vie, ne jonglent pas avec des poids en carton. Ils veulent bien se montrer confectionneurs possibles de ballets, de féeries, de pantomimes. Mais, à mesure qu’ils regardent et qu’ils comprennent, ils ont de plus en plus les allures de ces médecins désenchantés et souriants qui amusent et terrifient à la fois un salon avec la bonne humeur de leur profonde observation et la tranquille mise en scène de leur bistouri. C’est l’alliage de cette âcre réflexion et de cette forme fantaisiste qui fait le prix de ces fragments oubliés, qui leur donne leur haute valeur de promesses faites — et tenues.
Il est difficile, en effet, aujourd’hui, en 1886, de ne pas lire ces Pages retrouvées comme une préface à l’Œuvre des Goncourt. Il est difficile d’échapper à la hantise du langage déjà entendu, des idées déjà familières. La lecture finie, si l’on resonge à ce qu’on vient de lire, le livre devient comme un ensemble d’indications, prend de vagues