Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s en nous tout ce qui peut expliquer cet inexplicable déchaînement d’hostilités.

D’abord, nous avons le malheur de nous appeler messieurs de Goncourt.

Mon Dieu ! ce n’est pas notre faute. Nous ne faisons que porter le nom de notre grand-père, un avocat, membre de la Constituante de 89 ; le nom de notre père, un des plus jeunes officiers supérieurs de la Grande Armée, mort à quarante-quatre ans des suites de ses fatigues et de ses blessures, des sept coups de sabre sur la tête d’une action d’éclat en Italie, de la campagne de Russie faite tout du long avec l’épaule droite cassée, le lendemain de la Moskowa.

Puis nous avons encore le malheur de passer pour être riches, de passer pour être heureux, de passer pour être arrivés facilement.

Eh bien ! puisque, dans ce moment du siècle, c’est une suspicion et une