Page:Goncourt - Préfaces et Manifestes littéraires, 1888.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

réaliste. Eh bien, là-dessus je tiens à m’expliquer. Dans le roman, je le confesse, je suis un réaliste convaincu ; mais, au théâtre, pas le moins du monde. Ainsi, dans la pièce d’HENRIETTE MARÉCHAL, à propos de laquelle, un moment, il semblait qu’on nous fît l’honneur d’avoir inventé l’adultère au théâtre, dans cette pièce ressemblante à toutes les pièces du monde, il n’y a jamais eu pour nous qu’un acte original et bien personnel à nous : le Bal masqué. Et quand, dans cet acte, nous jetions cette poésie soupirante d’un jeune cœur qui s’ouvre au milieu de tous les bruits d’esprit, de tous les engueulements drolatiques, de toutes les folies cocasses d’une nuit d’Opéra, — pas si réelle qu’on a bien voulu le dire, — nous croyions très sincèrement faire de la fantaisie, — oui, de la fantaisie moderne, s’entend ; car il n’y a pas à recommencer au XIXe siècle, n’est-ce pas, la fantaisie shakespearienne ?