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Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/305

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ssif!»

Et il était dans la rue, et il marchait, et il trottait, tantôt le menton dans son gilet, tantôt levant les bras. Quelques fenêtres s'ouvraient; une tête passait; un mot partait: «Tiens! le toucheur d'orgues qui n'a pas de chapeau!» Quelques chiens aboyaient.

«Les massacres du XVIIIe siècle! les Calvière, les Daquin, les Balbatre! les hérésiarques et les Pompadour, qui ont voulu faire de la musique pour leur rocaille et leurs chapelles dorées! La voix humaine dans l'orgue, massacres, mais c'est la voix divine! La voix humaine dans l'orgue! elle doit parler, sans inflexion, sans modulation, sans caresse!--Du bon Dieu, vous feriez un ténor! Monseigneur, si vous les laissez faire de l'expression et augmenter et diminuer l'intensité du son..., Monseigneur, vous faites abdiquer à l'orgue sa mission illimitée dans l'ordre humain des conceptions musicales! Vous me dites: «Bonne nouvelle, un orgue expressif!» Et qu'est-ce que je vous demande? De me laisser mes _moissons d'airain_ comme elles sont, moi!--marier l'orgue avec le plain-chant: là est l'effort, là est le beau!--Orgue expressif!--que la