Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/42

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à Buisson qui enfourche le balai, comme Penguilly; le fantastique le visite; et voilà les eaux-fortes de minuit. Tantôt c'est un cavalier fort maigre, et vêtu de noir, qui chante des séguedilles à la nymphe de l'Arnette; tantôt c'est un burg au haut d'un mont, soutenu par des consoles humaines; deux petits bonshommes grotesquement accoutrés sonnant de l'olifant, poussent avec leurs montures jusqu'au château magnifique, et dans un coin est accroupi, les coudes aux genoux et les mains aux oreilles, un petit Belzébuth cornu, grand comme l'ongle.--Eaux-fortes étranges, d'un ton roux qui rappelle l'encre rougie par le temps des dessins à la plume du Guerchin et du Vinci.

Que Levavasseur, après avoir lu une parade de Dominique, fasse _Pierrot couveur et roi_, Buisson regarde une image de Watteau, et lui fait deux Pierrots: Pierrot pendu, la lune le regardant:

       Je n'aurais cru d'avance
       Qu'on pût être si bien au bout d'une potence.
       Que de sots préjugés on a sur terre, hélas
       Quand on voit en passant ces choses--là d'en bas!