Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/108

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ainsi je n’accepte point votre proposition quant à présent ; les ouvrages nouveaux que l’on se propose de mettre au théâtre, n’étant point de votre genre, vont vous laisser un repos assés long, et d’ailleurs dans aucune circonstance l’on n’exigera de vous que ce que vos forces vous permettront. Je suis persuadé que vous n’abuserés jamais de cette facilité, et qu’au contraire elle deviendra pour vous un nouveau motif de contribuer en tout ce qui pourra dépendre de vous au bien de l’Académie.

« Vous connoissés les sentiments… »

Elle rejouait. Les insultes anonymes[1], — on la craignait encore en face, — l’assiégeaient. Elle luttait, elle bravait l’injure ; elle se cramponnait à ses rôles. Elle, qui tant de fois avait dédaigné et moqué le public, elle essayait de le reconquérir par l’exactitude, et jouait régulièrement. Vains efforts qui n’aboutissaient qu’à faire regretter la jeune voix de Laguerre ! Les dures leçons, ces froideurs ! les durs avertissements qu’il faut quitter la gloire qui vous

  1. La liste des curiosités de la foire Saint-Germain imprimait : « La demoiselle Arnould fait voir une bête très méchante qui se jette sur tout le monde indistinctement et que rien ne peut apprivoiser. Cet animal est déjà vieux, mais il n’est pas moins féroce. Heureusement qu’il a perdu ses dents, ce qui fait qu’il n’y a plus de risque que pour ceux qui sont touchés par son venin et un peu par son odeur. »