Tu mords une lime endurcie
À la chaleur qui réfléchit
Le feu pétillant du génie ;
Ces trois chefs-d’œuvre, en dépit
Des serpents de la jalousie,
Ne craignent point ta dent pourrie,
Et leur auteur, qui te défie,
Brave ta cabale, et se rit
Des efforts de ta noire envie.
O toi, dont les accents animent nos concerts,
Poursuis, aimable Rosalie,
Unis ces dieux qui charment l’univers,
Celui des arts et celui d’Idalie,
Jouis de leurs douces faveurs ;
Séduis nos jeux, nos oreilles, nos cœurs ;
Laisse crier ta jalouse ennemie,
Tes talents font son désespoir ;
Et du Temps qui la fait déchoir,
Bientôt, sur sa tête blanchie,
La faux terrible appesantie,
N’offrira plus aux regards indignés
Qu’un squelette hideux, une horrible furie,
Pleurant, au déclin de sa vie,
Les maux affreux qu’elle a gagnés,
Dont Saint-Côme et sa casserole
N’ont jamais bien pu nettoyer
Son profond et large foyer,
Où tout Paris attrapa la v……[1] .
- ↑ Chansonnier historique du XVIIIe siècle, vol. IX, publié
par Emile Raunié. Metra, qui nomme Guinchard comme
auteur de ces vers, dit que Sophie Arnould eut l’esprit de
les rendre publics. Cette satire a un intérêt historique : elle
donne le ton de l'engueulement de ce temps entre les étoiles
de l’Académie royale de musique.