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Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/279

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POSTFACE

Par Émile BERGERAT


Si le réalisme est une École, — ce dont pour ma part, je doute un peu, — l’œuvre multiple des Goncourt me paraît en fixer plus que toute autre les diverses expressions littéraires. Peut-être même sont-ils les seuls réalistes sans mélange de notre langue, Balzac n’est en somme qu’un grand visionnaire et Flaubert un artiste du verbe bien moins épris des idées que des mots. Quant à Émile Zola, son génie est hybride ; une lyre dissimulée fait bosse sous ses guenilles de biffin, et « ça se voit », aux reflets de la lanterne. Je ne crois pas qu’il soit utile de dire, et même de prouver, que l’auteur de Tartarin est un simple poète. Il n’en va pas de même des frères de Goncourt dont le talent offre cette singularité de ne s’entreprendre qu’à des phénomènes positifs et courants de la vie ambiante, soit sociaux, soit naturels, fussent-ils d’ailleurs passagers, et de s’abstraire systématiquement de tout rêve, partant de toute idéalisation. C’est en cela, je crois, qu’ils sont uniques et, tranchons le mot, inimitables.

Un Saint-Beuve dirait ex professo s’il ne faut pas