Page:Goncourt - Sophie Arnould.djvu/282

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le cloître peut-être. La figure d’Héloïse est symbolique autant que populaire, et Sophie Arnould, sa carrière finie et la Révolution venue, se retire dans un Paraclet, ainsi nomme-t-elle sa retraite. Elle n’y fut pas abandonnée. Entre ses innombrables amants, un lui resta, et jusqu’à la mort. C’était un artiste, l’architecte qui lui avait construit son hôtel de la Chaussée-d’Antin aux jours de sa prospérité. Elle l’avait aimé pour sa bonne humeur et ses facéties d’atelier, elle l’adora pour sa fidélité longanime et elle passa entre ses bras, plus heureuse que la pauvre Dubarry dont le bourreau montra la tête au peuple comme celle de Monsieur Danton.

Émile Bergerat,


de l’Académie Goncourt.




Note des éditeurs. — C’est environ l’année 1855 qu’après avoir dépouillé quantité de documents inédits pour leur Histoire de la Société française pendant la Révolution, ensuite Pendant le Directoire que les Goncourt « formèrent le projet de publier une longue suite de biographies dans lesquelles ils n’interviendraient que par une monture et un encadrement discrets. » De cette longue suite, Sophie Arnould fut le premier livre, dont l’édition originale parut en 1857, en un vol. in.-8°, à Paris, chez Poulet-Milassis et de Broise. Quelques exemplaires sur papier de Hollande en furent tirés. On fit également un