Page:Gondal - Mahomet et son oeuvre.djvu/7

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pement des sensations religieuses exaltées et morbides, son âme mystique vit passer d’étranges visions, sa sensibilité maladive reçut d’étranges secousses. Ses rêves l’obsédaient ; peut-être même ressentait-il déjà les premières atteintes de ce mal mystérieux qui devait exercer sur sa vie, peut-être même sur sa mort, et en tous les cas sur ses idées religieuses une influence si décisive. Nos lecteurs n’ignorent pas, en effet, que Mahomet fut toute sa vie sujet à de douloureuses hallucinations d’où il ne sortait que ruisselant de sueur, l’écume à la bouche et tremblant de tous ses membres. Ses partisans y virent des extases ; lui-même y vit des manifestations miraculeuses de cet esprit prophétique que les anges, à l’en croire, auraient placé dans sa poitrine à la place de son cœur, dès le berceau ; et de fait, c’est souvent au sortir de quelqu’une de ces crises — vraisemblablement épileptiques — qu’il se proclamera inspiré, et dictera plus tard les plus belles surates du Coran.


le Chamelier.


À quinze ans Mahomet abandonne les occupations paisibles de la vie pastorale et les exercices passionnants de la vie contemplative autour de la Kaaba, pour suivre au loin, jusqu’aux marchés de la Syrie et du Yemen les membres de sa tribu qui s’adonnent au commerce. Les Koréïschites comptaient au nombre des plus habiles trafiquants de l’Arabie. Le jeune Mahomet donna à ses compagnons de voyage des preuves si multipliées, si évidentes, d’intelligence, de sang-froid, de courage, qu’en peu de temps il eut tous les cœurs, devint l’âme des entre-