sanctuaire national. C’est dire le crédit et le prestige dont jouissait, aux yeux de tous les Arabes, cette famille sacerdotale dont les annales d’ailleurs étaient riches en traits de bravoure et de bienfaisance qu’on se racontait sous la tente avec admiration et respect. Kossay, le fondateur de sa brillante fortune, était resté célèbre pour son courage et sa charité : Hachem, son fils, avait mérité le surnom d’émietteur de pain pour avoir nourri pendant une famine le peuple de la Mecque. Abd-el-Motaleb, grand-père de Mahomet, un juste aimé de Dieu, avait restauré le puits d’Ismaël, et mérité d’Allah, au dire des Arabes, pendant qu’il guerroyait contre les Abyssins, une assistance miraculeuse. Aussi, nulle famille, dans la Péninsule, n’était plus respectée, plus universellement estimée. Elle avait, en quelque sorte, la surintendance des grands intérêts politiques et religieux de la race arabe.
Mahomet naquit à la Mecque en 570. Orphelin de bonne heure — son grand’père Abd-el-Motaleb, son père Abd-Allah et sa mère Amina moururent pendant sa première enfance, ne lui laissant pour tout héritage que l’esclave Zéïd, un troupeau de moutons et cinq chameaux, — il fut recueilli par ses oncles et confié au plus respectable de ces derniers, Abou-Taleb, intendant de la Kaaba, qui se chargea de l’élever. L’enfance du Prophète s’écoula heureuse et tranquille à l’ombre du sanctuaire, au sein d’une famille sacerdotale, près d’un parent honoré de la plus haute dignité religieuse de l’Arabie. Dans ce milieu si favorable au dévelop-