Page:Gonse - L’Art japonais, tome I, 1883.djvu/11

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flore, dans notre faune, à l’exemple des Japonais ; nous y découvrirons des richesses que nous ne soupçonnons pas.

Je m’estimerais amplement payé de mes efforts si cette grande vue d’ensemble de l’art japonais que je présente aujourd’hui au public pouvait être de quelque utilité à ceux qui voudraient entrer dans la voie que j’indique et contribuait pour une faible part à détruire les préjugés de race, les accoutumances de goût qui nous font hésiter devant les manifestations d’une esthétique nouvelle. De nombreux ouvrages didactiques ont déjà été publiés en Amérique, en Angleterre et en France à propos de l’art japonais ; mais ils ne nous fournissent que peu ou point de renseignements sur l’histoire même de cet art ; faute d’informations précises, les auteurs de ces ouvrages se sont tenus dans des généralités plus ou moins vagues. Les documents ne manquaient pas ; la difficulté était moins de les réunir, de les grouper, que de les interroger et de les traduire. Malgré de consciencieuses recherches, les résultats obtenus jusqu’à ce jour sont insignifiants ; l’histoire des arts au Japon est restée enveloppée d’une obscurité à peu près complète.

Toute la question se résumait dans des lectures de textes et des déchiffrements de signatures, par conséquent dans l’adjonction d’un collaborateur japonais assez instruit pour comprendre les anciennes écritures, assez versé dans l’étude de notre langue pour en fournir d’exactes traductions, assez consciencieux pour dire au besoin ; je ne sais pas ou je ne comprends pas. Une fois les données historiques bien établies, il ne s’agissait plus que d’en contrôler l’exactitude et d’en poursuivre les déductions avec nos méthodes critiques ordinaires, par l’examen et la comparaison des nombreux et magnifiques objets d’art que la révolution de 1868 a jetés dans les mains des collectionneurs parisiens.

En même temps que je réunissais les principaux éléments de mon enquête, j’avais la bonne fortune de rencontrer en la personne