dans le cahier, et ne manifestait point de curiosité importune, quand même il n’eût pas compris tout ce qu’il entendait ou apprenait.
Si parfois, de manière ou d’autre, il réussissait à venir à bout d’un livre de statistique, d’histoire ou d’économie politique, il était parfaitement content. Mais quand Stoltz lui apportait des volumes qu’il fallait lire par-dessus le marché, Oblomoff le regardait longtemps en silence. « Et toi aussi, Brutus ! » disait-il en soupirant, et il se mettait à lire l’ouvrage.
De tels excès de lecture lui semblaient insupportables et contre nature. À quoi bon tous ces cahiers qui dévorent tant de papier, de temps et d’encre ? À quoi bon ces manuels ? Pourquoi enfin six, sept ans de réclusion, et les sévérités, les punitions, l’ennui d’être toujours assis à apprendre des leçons, la défense de courir, de folâtrer, de s’amuser ?… et dire que tout cela ne suffit pas encore !
« Quand donc pourra-t-on vivre ? » se demandait-il, « quand pourra-t-on enfin, pour prix de ses peines, mettre en circulation ce capital de connaissances, dont la majeure partie ne sera d’aucune utilité dans la vie ? L’économie politique, par exemple, l’algèbre, la géométrie, qu’en ferai-je à Oblomofka ? »
L’histoire elle-même ne peut que vous attrister : on apprend, on lit qu’il est arrivé une époque de calamités : l’homme est malheureux ; le voilà qui