Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
OBLOMOFF.

à se former une idée du sujet, encore une page et il l’aura saisi ; mais quoi ! il est déjà couché, regardant le, plafond d’un œil fixe et atone : à côté de lui gît le livre qu’il n’a ni achevé ni compris.

Il se refroidissait encore plus vite qu’il ne s’enthousiasmait, et ne revenait plus jamais au livre abandonné. Cependant il avait étudié comme les autres, comme tout le monde, c’est-à-dire jusqu’à quinze ans, dans une pension.

Quand il sortit de là, les vieux Oblomoff, après une longue hésitation, se décidèrent à l’envoyer à Moscou, où, bon gré mal gré, il suivit jusqu’au bout les cours de sciences. L’apathie et la timidité de son caractère l’empêchèrent de dévoiler entièrement sa paresse et ses caprices à l’école, devant des étrangers qui ne faisaient point d’exception en faveur des enfants gâtés.

Il se tenait droit en classe parce qu’il le fallait ; il écoutait ce que disaient les professeurs, parce qu’on ne pouvait faire autrement, et apprenait ses leçons péniblement, avec force soupirs et à la sueur de son front. Il considérait tout cela comme un châtiment envoyé du ciel pour nos péchés.

Il ne regardait pas plus loin que la ligne où le maître avait marqué avec l’ongle la fin de la leçon ; il ne lui faisait point de questions et ne lui demandait pas d’explications. Il se contentait de ce qui était écrit