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OBLOMOFF.

suite grandissent jusqu’à l’aspiration, qui brûlent tout son sang, agitent ses muscles, gonflent ses veines ; l’aspiration se transforme en tendance : poussé par une force intérieure, en une seconde il change deux ou trois fois de pose ; ses yeux étincellent, il se soulève à demi sur son lit, il étend la main et promène autour de lui un regard inspiré…

Voilà le moment où cette tendance va se réaliser, devenir un fait, où elle s’exprimera par un acte héroïque… et alors, Seigneur ! quels miracles, quels heureux effets ne pourra-t-on pas attendre d’un effort aussi sublime !…

Mais la matinée passe, déjà le jour décline, et avec lui inclinent vers le repos les forces épuisées d’Oblomoff : les orages et les tempêtes s’apaisent dans son âme ; sa tête se dégrise ; le sang coule plus lent dans ses veines.

Oblomoff s’étend mollement sur le dos, et, jetant un triste regard à travers la croisée vers le ciel, il suit d’un œil mélancolique le soleil qui se couche majestueusement derrière une maison à quatre étages, appartenant Dieu sait à qui. Hélas, hélas ! combien de fois n’a-t-il pas de cet œil suivi le soleil couchant !

Au matin revient la vie, reviennent les émotions, les illusions ! Il se plaît parfois à se figurer qu’il est un général invincible auprès de qui ne sont rien non--