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un mot à mot très-exact que je mettrais ensuite en français.

Je devrais dire : nous mettrions, car la vérité est que cette traduction n’appartient pas entièrement à ses deux signataires, et qu’elle est l’œuvre collective des membres les plus lettrés de la colonie russe qui se trouvait à Paris durant l’hiver de 1860.

Tous les soirs nous nous rendions, mon collaborateur et moi, chez M. N. de Gerebtzoff, conseiller d’État actuel, homme d’infiniment d’esprit, qui a publié en français un livre très-remarqué sur l’histoire de la civilisation en Russie.

Là venaient beaucoup de Russes de distinction, et notre travail de la journée était épluché avec un soin tel qu’il nous arrivait quelquefois de passer une heure à chercher la meilleure manière de rendre telle ou telle phrase.

Grands admirateurs de Gontcharoff, ses compatriotes voulaient que la traduction d’Oblomoff fût aussi parfaite que possible. Ils tenaient surtout à ce qu’elle gardât l’accent russe, que l’auteur, de l’aveu général, possède à un degré beaucoup plus élevé que ses confrères, et j’ai tâché de les satisfaire sur ce point autant que le permet le génie de notre langue.

Je n’ose me flatter d’y avoir toujours réussi. « Traduire du russe en français n’est pas une tâche facile, a dit Prosper Mérimée, qui savait à quoi s’en tenir.