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OBLOMOFF.

Oblomoff secoua tristement la tête.

— Pas bien, docteur. J’ai eu plusieurs fois comme une velléité de vous consulter. Je ne sais que faire. L’estomac ne digère presque plus, j’ai un poids sous la cavité pectorale, j’ai le fer chaud[1], j’ai la respiration pénible… dit Oblomoff en prenant une mine dolente.

— Donnez-moi la main, dit le docteur, et il lui tâta le pouls et ferma les yeux quelques minutes. Et toussez-vous ? demanda-t-il.

— La nuit, surtout quand j’ai soupé.

— Hum ! avez-vous des palpitations de cœur ? des maux de tête ?

Et le docteur fit encore quelques autres questions de ce genre, puis il inclina son crâne chauve et médita profondément. Deux minutes après il releva subitement la tête, et dit d’une voix décidée :

— Si vous vivez encore deux ou trois années sous ce climat, que vous restiez toujours couché, et si vous continuez à vous nourrir d’aliments gras et indigestes, vous mourrez d’apoplexie.

Oblomoff tressaillit.

— Que dois-je donc faire ? parlez, au nom du ciel ! dit Oblomoff effrayé.

— Mais ce que font les autres : aller à l’étranger.

— À l’étranger ! répéta Oblomoff abasourdi.

  1. Sensation de chaleur qui provient d’une mauvaise digestion.