Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
OBLOMOFF.

Zakhare ne savait où se fourrer de malaise.

— N’est-ce pas que tu m’as chagriné ? demanda Élie.

— Chagriné ! dit Zakhare à voix basse, perdant tout à fait contenance à ce nouveau mot lamentable. Il tournait l’œil à droite, à gauche et droit devant lui, cherchant partout son salut, et de nouveau passèrent sous ses yeux et les toiles d’araignée, et la poussière, et sa propre image, et la figure du barine.

« Si je pouvais être à cent pieds sous terre ! Ah ! si la mort pouvait venir ! » pensait-il, en voyant qu’il avait beau faire, il n’éviterait pas une scène pathétique.

Il sentit qu’il clignotait toujours de plus en plus et que, s’il n’y prenait garde, ses larmes allaient jaillir. Enfin il répondit au barine avec les mots bien connus de la chanson ; seulement il parla en prose.

— En quoi ai-je pu vous chagriner[1], monsieur ? demanda-t-il presque en pleurant.

— En quoi ? répéta Oblomoff. Mais as-tu réfléchi à ce que c’est que « d’autres ? »

Il s’interrompit, continuant à regarder Zakhare.

— Faut-il te dire ce que c’est ?

Zakhare se retourna comme un ours dans sa tanière, et soupira à ébranler la chambre.

  1. Une chanson populaire commence ainsi :
           « En quoi ai-je pu te chagriner, etc. »