gages ! si l’on n’avait soin de ramasser les kopeks et les grivniks[1], on n’aurait pas de quoi acheter du tabac et régaler sa commère !… crrré mille… quand on y pense, et la mort qui ne vient pas ! »
Élie se coucha sur le dos, mais ne s’endormit pas tout de suite. Il songeait, songeait, il s’agitait, s’agitait…
« Deux malheurs d’un coup ! dit-il en s’enveloppant tout à fait la tête dans la couverture. Comment y tenir ! »
Mais dans le fait, ces deux « malheurs, » c’est-à-dire la lettre sinistre du staroste et le déménagement, commençaient à ne plus troubler Oblomoff et à se ranger seulement parmi les souvenirs désagréables. « Il y a encore loin jusqu’aux désastres dont le staroste me menace, » se disait-il ; « d’ici là beaucoup d’eau coulera à la rivière : espérons que les pluies vont améliorer la récolte ; peut-être le staroste recouvrera les arriérés ; les paysans fugitifs « seront réintégrés à domicile, » comme il dit.
« Et où ont-ils pu se réfugier, ces paysans ? » se demanda-t-il, et son imagination se représenta le côté pittoresque de la situation. « Allez donc voir : ils se sont sans doute enfuis la nuit, par un temps humide, sans pain. Où dormiront-ils ? Se pourrait-il
- ↑ Pièce de dix kopeks argent.