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OBLOMOFF.

— Irons-nous nous promener aujourd’hui, maman ? demanda-t-il tout à coup au milieu de sa prière.

— Oui, ma petite âme, disait-elle bien vite, sans détourner ses regards de l’image et se dépêchant d’achever les saintes paroles.

L’enfant les répétait en traînant, mais la mère y mettrait toute son âme. Ensuite ils allaient chez le père, et de là prendre le thé.

Près de la table à thé, Élie vit la très-vieille tante de quatre-vingts ans qui demeurait chez eux. Elle grognait continuellement contre sa petite servante qui, branlant la tête de vieillesse, la servait en se tenant derrière sa chaise.

Là étaient aussi les vieilles demoiselles, parentes éloignées de son père, et, en visite, le beau-frère de sa mère, à moitié fou, Tchekméneff, propriétaire de sept âmes ; enfin quelques vieilles et quelques vieux.

Toute cette cour et cette suite des Oblomoff s’emparèrent d’Élie et se mirent à le combler de caresses et de louanges. Il avait à peine le temps d’essuyer les traces de leurs baisers importuns.

Après cette cérémonie commençait l’alimentation du jeune seigneur, avec des petits pains blancs, des biscuits et de la bonne crème.

Ensuite sa mère, après de nouvelles caresses, l’envoyait se promener au jardin, dans la cour, dans la prairie, non sans recommander sévèrement à la