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OBLOMOFF.

et tout à coup disparaît derrière la montagne : Anntipe cependant n’a pas eu le temps de quitter la cour.

L’enfant aussi fait un pas, puis un autre, encore un, et il va disparaître derrière la montagne. Il voudrait y aller pour voir ce qu’est devenu le cheval. Il se dirige vers la porte cochère, mais de la croisée on entend la voix de la mère.

— La bonne, ne vois-tu pas que l’enfant court au soleil ? emmène-le à l’ombre : il pourrait attraper un coup de soleil ; il aura mal à la tête, mal au cœur ; il ne voudra plus manger. Si tu le laisses faire, il est capable de se sauver dans la cavée.

— Hou ! le polisson ! murmure doucement la bonne, en l’entraînant vers le perron.

Le petit garçon regarde et observe, avec sa sagacité et son penchant à l’imitation, ce que font les grandes personnes, à quoi elles emploient leur matinée. Aucun détail, aucun trait n’échappe à son attention curieuse.

Dans son âme se grave ineffaçable le tableau des habitudes de la vie domestique. Sa molle intelligence s’empreint des exemples vivants, et, sans en avoir conscience, il se trace le programme de sa vie d’après la vie de ceux qui l’entourent.

Il serait injuste de dire que la matinée était perdue dans la maison des Oblomoff. Le bruit des couteaux, hachant à la cuisine la viande et les légumes, arrivait même jusqu’au village.