Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
219
OBLOMOFF.

rence pour tricoter son bas et surveiller l’enfant.

Bientôt elle le réprimandait mollement en hochant la tête. « Il grimpera, oh ! pour sûr il grimpera, ce toton, à la galerie, » murmurait-elle en dormant presque, ou bien encore, « pourvu que dans la cavée… »

Ici, la tête de la vieille s’affaissait sur ses genoux, le bas s’échappait de ses mains ; elle perdait l’enfant de vue et, ouvrant un peu la bouche, elle laissait entendre un léger ronflement. Et lui attendait avec impatience cet instant où il devenait son maître.

Il était comme seul au monde ; il s’éloignait de la bonne en courant, et, sur la pointe des pieds, allait voir où chacun dormait ; il s’arrêtait et observait un dormeur qui se réveillait, crachait, ou mugissait en rêvant ; ensuite, avec un certain effroi, il montait sur la galerie, en faisait le tour en courant sur les planches qui craquaient, grimpait au colombier, se glissait furtivement au fond du jardin, écoutait bourdonner les hannetons et suivait du regard leur vol dans les airs.

Il prêtait une oreille attentive au bruit qui se faisait dans l’herbe, puis cherchait et attrapait les perturbateurs. Il prenait une demoiselle, lui arrachait les ailes et regardait ce qu’elle allait devenir, ou la transperçait d’un brin de paille et examinait comment elle volait avec cet appendice.

Le voici maintenant qui s’amuse à observer, en