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OBLOMOFF.

retenant son souffle, comment une araignée suce le sang de la mouche qu’elle vient de saisir, comment la pauvre victime se débat en bourdonnant entre ses pattes. L’enfant finit par tuer et le bourreau et la victime.

Ensuite, il descend dans le fossé, y fouille, y découvre des racines, les pèle et les mange avidement : il les préfère aux pommes et aux confitures que lui donne sa maman.

Il court aussi derrière la porte cochère : il voudrait aller au bosquet de jeunes bouleaux ; ce bosquet lui paraît si près qu’il est sûr d’y arriver en cinq minutes, non par le détour que fait le chemin, mais en coupant droit à travers le fossé, la haie de branchages et les fondrières ; seulement, il a peur : il y a là, dit-on, des satyres, des brigands et des bêtes épouvantables.

L’enfant a aussi envie de voir la cavée : elle n’est guère qu’à une centaine de mètres du jardin ; il s’est déjà avancé jusque sur ses bords, il a fermé les yeux, puis il a voulu y jeter un coup d’œil, comme dans le cratère d’un volcan.

Mais soudain son imagination lui rappela tous les récits, toutes les traditions sur cette cavée : la terreur le saisit ; plus mort que vif, il vola en arrière : tout pâle d’effroi, il se jeta sur sa vieille bonne et la réveilla.

Elle bondit de son sommeil, rajusta son mouchoir sur sa tête, y ramassa avec le doigt ses touffes de