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OBLOMOFF.

— Qu’est-ce qui te prend ? Dieu te bénisse ! nous promener maintenant, répond-elle ; il fait humide, tu refroidiras tes petits pieds, et il y a du danger : à cette heure-ci, le satyre erre dans la forêt, il emporte les petits enfants.

— Où les emporte-t-il ? Comment est-il ? Où demeure-t-il ? demande l’enfant.

Et la mère donnait l’essor à sa fantaisie sans frein.

L’enfant l’écoutait, ouvrant et fermant les yeux, jusqu’à ce qu’enfin le sommeil vint le terrasser tout à fait. Arrivait alors la bonne, qui le prenait des genoux de la mère et l’emportait au lit, dormant déjà et la tête penchée par-dessus son épaule.

— Voilà donc la journée finie, et grâce à Dieu ! nous l’avons passée heureuse, disaient les Oblomoftzi, en se détirant et en faisant le signe de la croix avant de se coucher. Puisse la journée de demain lui ressembler ! Gloire au Seigneur Dieu ! Gloire au Seigneur Dieu !

Oblomoff fut ensuite transporté par son rêve à une autre époque.

Pendant une interminable soirée d’hiver, l’enfant se serre contre sa bonne, et elle lui parle à l’oreille d’une contrée inconnue, où il n’y a point de nuits, ni de gelées, où tous les jours s’accomplissent des miracles, où coulent des rivières de lait et d’hydromel, où personne ne fait rien la « ronde » année,