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OBLOMOFF.

dents, tels que les maladies, les pertes, les querelles et, entre autres, le travail.

Ils subissaient le travail comme une sorte de châtiment imposé à nos pères, mais ils ne pouvaient l’aimer, et, toutes les fois qu’ils en avaient l’occasion, ils s’en exemptaient, trouvant la paresse naturelle et même obligatoire. Jamais ils ne se tourmentaient d’un problème obscur, intellectuel ou moral.

C’est pourquoi ils florissaient toujours de santé et de gaieté ; c’est pourquoi ils vivaient si longtemps : les hommes à quarante ans ressemblaient à des jeunes gens ; les vieillards ne se débattaient point contre une mort pénible, douloureuse, mais après avoir vécu jusqu’à un âge impossible, ils mouraient comme en cachette ; ils se refroidissaient imperceptiblement et exhalaient leur dernier soupir.

Aussi dit-on qu’autrefois le peuple était plus robuste. Oui, en effet, plus robuste : autrefois on ne se dépêchait point d’expliquer à l’enfant le sens de la vie et de l’y préparer comme à quelque chose de difficile et de sérieux : on ne le faisait point pâlir sur des livres qui soulèvent des milliers de questions ; or, les questions rongent l’intelligence et le cœur et abrègent la vie.

Le patron de la vie avait été transmis par les parents, ceux-ci l’avaient reçu aussi tout fait du grand-père, le grand-père de l’aïeul, avec ordre de le