Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
OBLOMOFF.

M. Élie père, vaincu, finit par se taire, et toute la société retomba dans l’assoupissement. Ilioucha, accroupi derrière le dos de sa mère, est assoupi comme les autres. Quelquefois il dort tout à fait.

— Oui, dit ensuite un des convives avec un profond soupir, tenez, le mari de Maria Onissimovna, le défunt M. Bazile, comme il était, grâce à Dieu, bien portant, et cependant il est mort ! et il n’a pas dépassé la soixantaine ! un homme comme lui aurait dû vivre cent ans !

— Nous mourrons tous quand il plaira à Dieu ! reprend avec un soupir Pélaguéia Ignatievna. Il y en a quelques-uns qui meurent, mais tenez, chez les Khlopoff, par exemple, c’est à peine si on a le temps de baptiser ; il paraît qu’Anna Andréevna vient encore d’accoucher. C’est son sixième !

— Est-ce donc seulement Anna Andréevna ! dit la maîtresse de la maison : tenez, qu’on marie son frère, et vous verrez les enfants, ce sera une bien autre musique ! Les plus petits grandissent et deviennent bons à marier ; ensuite il faut marier les filles : où trouver des promis ? De nos jours, voyez-vous, chacun veut une dot, et toujours en argent…

— De quoi s’agit-il ? demanda M. Élie père en s’approchant des causeurs.

— Mais il s’agit de…

Et on lui répéta la conversation.