Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
OBLOMOFF.

— Et ceci, qu’est-ce ? et Oblomoff indiquait les murs et le plafond, et ceci, et cela ? Et il désignait du doigt l’essuie-mains jeté la veille et l’assiette oubliée sur la table avec le morceau de pain.

— Ah ! ceci, ah bien ! je veux bien l’enlever, dit Zakhare d’un ton de condescendance, en prenant l’assiette.

— Rien que cela ! et la poussière des murs et les toiles d’araignée ? fit Élie en montrant les murs.

— Ça ? Je le fais à Pâques : alors je nettoie les images[1] et j’enlève les toiles d’araignée…

— Et les livres, et les tableaux… pourquoi ne les fais-tu pas !

— Les livres et les tableaux… à Noël : alors Anissia et moi nous mettons en ordre toutes les armoires. Quand voulez-vous que je puisse ranger ? Vous êtes cloué toute la journée à la maison !

— Mais je vais quelquefois au théâtre ou en soirée. Est-ce que…

— Est-ce qu’on peut faire quelque chose la nuit ?

Oblomoff lui jeta un coup d’œil où se lisait un reproche, branla la tête et soupira ; Zakhare, de son côté, regarda par la croisée d’un air indifférent et soupira aussi. Le barine semblait se dire : « Ah, mon

  1. Les images de la Vierge tenant en ses bras l’enfant Jésus. Dans un coin de chaque chambre à coucher se trouve un de ces portraits sur fond d’or on d’argent, devant lequel brûle une petite lampe.