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OBLOMOFF.

chaise, bien qu’il fût visible qu’il n’y avait rien dessus.

— Vous perdez tout, continua-t-il, en ouvrant la porte du salon pour regarder si le mouchoir n’y était pas.

— Où vas-tu ? Cherche ici : je n’ai pas mis les pieds là-dedans depuis avant-hier. Dépêche-toi donc.

— Où est le mouchoir ? Il n’y a pas de mouchoir ! disait Zakhare en gesticulant des bras et en promenant son œil dans tous les recoins. Mais le voici ! grogna-t-il d’un air fâché, il est sous vous, en voici un bout. Vous êtes couché dessus et vous me le demandez !

Et sans attendre de réponse, il se dirigea vers la porte. Oblomoff était un peu confus de sa maladresse. Il trouva aussitôt un autre moyen de prendre Zakhare en faute.

— Comme il fait propre ici ! Dieu de Dieu ! que de poussière, que d’ordure ! Là… là, regarde dans les coins, fainéant !

— Fainéant ! moi !… reprit Zakhare d’un air offensé… mais je m’échine, je m’échine sans ménager ma vie ! J’époussète partout et je balaye presque tous les jours.

Il montra le milieu du parquet et la table où dînait Élie.

— Tenez, tenez, tout est balayé, rangé, comme pour une noce… Que voulez-vous de plus ?