Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/103

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prêtes à tout, qu’éclairait d’en haut une lanterne tremblotante, composaient un groupe étrange. De l’échelle du grenier, je regardais ce spectacle et j’aurais voulus décider grand’mère à venir me rejoindre.

L’oncle s’acharnait avec succès sur la porte branlante et prête à sauter. Le dernier gond tenait à peine, le premier avait déjà cédé et elle grinçait avec un bruit désagréable.

— Tapez-lui sur les bras et les jambes, s’il vous plaît, mais pas sur la caboche… — recommanda d’une voix altérée grand-père à ceux qui lui prêtaient main forte.

À côté de la porte, s’ouvrait un petit guichet au travers duquel on pouvait passer la tête ; l’oncle en avait déjà brisé la vitre, et le cadre, tout hérissé d’éclats, devenait noir comme un œil crevé.

Grand’mère passa la main par l’ouverture, et elle cria en gesticulant ;

— Mikhaïl, pour l’amour de Dieu, va-t’en, sinon tu seras massacré, va-t’en !

Pour toute réponse, il la frappa ; on vit quelque chose de large glisser devant le guichet et tomber sur les doigts de grand’mère qui s’affaissa et tomba à la renverse en criant encore :

— Sauve-toi, Mikhaïl !

— Femme ! rugit grand-père, d’une voix terrible.

La porte s’ouvrit toute grande ; l’oncle bondit dans l’ouverture béante et aussitôt fut lancé à bas du perron, comme une pelletée de boue.

La cabaretière emmena mon aïeule dans la chambre de grand-père ; bientôt, il suivit les deux femmes et s’approcha d’elles, d’un air sombre.

— L’os n’est pas cassé ?