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Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/129

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— Glorieuse Vierge, Sainte Mère, accorde-nous Ta grâce pour le jour qui vient !

Elle se prosternait jusqu’à terre et se relevait lentement ; ensuite elle reprenait avec un attendrissement toujours croissant :

— Source de joie, Beauté si pure, pommier en fleur….

Presque chaque jour, elle trouvait de nouveaux termes de louange, aussi j’écoutais sa prière avec une attention soutenue :

— Mon petit cœur céleste et pur ! Ma défense et mon soutien ! petit soleil d’or, Mère de Dieu, préserve-nous de la tentation mauvaise, ne me laisse offenser personne et ne permets à personne de m’offenser inutilement !

Ses yeux noirs souriaient ; elle semblait rajeunie ; d’une main pesante, elle se signait encore, mais plus lentement :

— Seigneur Jésus, Fils de Dieu, sois miséricordieux envers la pécheresse que je suis : je T’en supplie au nom de Ta mère…

Sa prière était toujours une action de grâces, un dithyrambe sincère.

Le matin, mon aïeule ne priait pas longtemps : il fallait chauffer le samovar, car nous n’avions plus de servante ; et si le thé n’était pas prêt à l’heure fixée, grand-père récriminait rageusement.

Parfois, il se réveillait avant sa femme et, montant au grenier, il la trouvait en train de prier. Il écoutait un moment les oraisons, ses lèvres minces grimaçaient dédaigneusement, et au cours du déjeuner, il l’attrapait :