Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/158

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Il traquait les justes, il torturait les gens.

Et vivait dans le mal comme une chouette dans le creux d’un arbre.

Mais celui que Gordion détestait le plus,

C’était le moine Mirone, l’ermite,

Un paisible défenseur de la foi,

Qui faisait le bien sans avoir peur.

Le voïvode appelle son serviteur fidèle,

Le vaillant Ivan le guerrier :

— Va-t’en, Ivan, va-t’en tuer le moine,

Le présomptueux moinillon Mirone,

Va, et tranche-lui la tête,

Va, et prends-le par sa barbe grise,

Apporte-la-moi, que je la jette en pâture aux chiens !

Ivan s’en va, obéissant,

Ivan s’en va et pense avec amertume :

« Je ne vais pas de ma propre volonté, c’est la nécessité qui me pousse.

» Il faut croire que c’est le sort que Dieu m’a assigné ! »

Ivan a caché son glaive tranchant sous sa tunique.

Il arrive et salue l’ermite :

— Es-tu toujours en bonne santé, honnête petit vieux ? Dieu t’a-t-il toujours en Sa sainte garde ?

Mais le moine sagace se met à rire,

Et ses lèvres sages laissent tomber ces mots :

— Ivan, n’essaie pas de mentir,

Le Seigneur Dieu connaît tout, le bien et le mal sont dans Sa main !

Je sais pourquoi tu es venu !