et mon cœur se serrait cependant que s’embuaient mes yeux :
— Ah ! je vois bien ce que c’est ! concluait-il tout bas. C’est triste, frérot, n’est-ce pas ?
— Oui…
— C’est bien triste, frérot…
On finit par lui donner congé.
Un matin, après le déjeuner, j’allai chez lui et le trouvai assis sur le plancher, en train d’emballer dans des caisses ses effets et ses livres ; il chantonnait l’air de la Rose de Saron.
— Tu vois, frérot, je m’en vais ailleurs !
— Pourquoi ?
Il me regarda fixement en disant :
— Tu ne le sais donc pas ? On a besoin de la chambre pour ta mère…
— Qui est-ce qui t’a dit cela ?
— Ton grand-père…
— Il ment !
Bonne-Affaire me prit la main et m’attira à lui, lorsque je fus aussi assis sur le sol, il me calma et d’une voix plus basse :
— Ne te fâche pas… J’ai cru que tu connaissais ces manigances et que tu me les avais cachées ; et je trouvais que ce n’était pas bien…
J’étais à la fois triste et vexé contre lui et ne pouvais découvrir les causes de cet état d’esprit.
— Écoute, chuchota-t-il en souriant. Te rappelles-tu que je t’ai dit une fois de ne plus revenir ?
Je secouai la tête en signe d’affirmation.
— Et ça t’avait offensé ?
— Oui…