Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/188

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faisaient de niches, et ils étaient tous trois très adroits, robustes et infatigables.

Un jour, je grimpai à un arbre et je sifflai pour attirer leur attention. Ils s’arrêtèrent net, puis, s’étant réunis, se mirent à discuter à mi-voix en me regardant de temps à autre. Je pensai qu’ils allaient me lancer des pierres et je descendis de mon perchoir, pour y remonter bientôt, mes poches et ma blouse bourrées de cailloux. Mais les enfants étaient loin : ils jouaient dans un autre coin de la cour et m’avaient déjà oublié. C’était triste ; je ne voulais pourtant pas commencer moi-même les hostilités ; mais bientôt, un vasistas s’ouvrit et quelqu’un leur cria :

— Rentrez, enfants !

Ils s’en allèrent docilement, sans se presser, comme des canards.

Bien des fois, je me hissai sur l’arbre dominant la clôture, dans l’espoir qu’ils m’appelleraient pour jouer avec eux. Mais ils n’en faisaient rien. En pensée pourtant je participais déjà à leurs jeux et je m’y intéressais au point de pousser de temps à autre un cri ou un éclat de rire. Ils me regardaient alors tous trois et chuchotaient entre eux, tandis que je me laissais glisser à terre, gauche et embarrassé.

Certain jour, ils commencèrent une partie de cache-cache ; le deuxième garçonnet devait chercher ses frères : il se mit dans un coin près de la dépendance et, les mains sur les yeux, sans regarder, il resta honnêtement là pendant que les autres se cachaient. L’aîné grimpa avec des mouvements prestes et adroits dans un large traîneau placé sous