Tout le monde se tut ; les regards se fixèrent sur le mort ; on se mit à soupirer ; et chacun se signa.
D’autres gens, sautant par-dessus la haie de Petrovna, arrivèrent dans le jardin ; ils tombaient en grommelant ; cependant le calme régna jusqu’au moment où grand-père, se retournant, cria d’une voix désespérée :
— Mais vous cassez mes framboisiers ! Faites donc attention, voisins !
Grand’mère me prit par la main et me ramena à la maison. Elle sanglotait.
— Qu’a-t-il fait ? demandai-je.
Elle répondit :
— Tu n’as donc pas vu ?
Pendant toute la soirée et très tard dans la nuit, des gens étrangers s’attroupèrent et argumentèrent dans la cuisine et dans la pièce contiguë ; les agents de police donnaient des ordres, et un individu qui ressemblait à un diacre écrivait après avoir demandé en croassant comme un corbeau :
— Quoi ? Quoi ?
À la cuisine, grand’mère offrait du thé à tout le monde, tandis qu’un homme moustachu, grêle et rond, racontait d’une voix éraillée :
— On ignore ses véritables nom et prénoms. On sait seulement qu’il était originaire d’Elatma. Le Muet n’est pas muet du tout ; c’est seulement son sobriquet. Il a tout avoué d’ailleurs et le troisième aussi, car ils étaient trois. Depuis longtemps leur principal métier consistait à dévaliser les églises.