Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/204

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Un samedi, je m’étais installé de très bonne heure dans le jardin potager de Petrovna pour prendre des bouvreuils. Je restai là longtemps, mais les jolis oiselets à gorge rouge ne voulaient pas donner dans le piège : faisant parade de leur beauté, comme pour me taquiner, ils se promenaient sur la croûte de neige durcie, se perchaient sur les rameaux des arbustes richement revêtus de givre et s’y balançaient, pareils à des fleurs vivantes, en faisant tomber les étincelles bleuâtres de la neige. C’était si beau que je n’éprouvais aucun dépit de mon insuccès : je n’étais pas un chasseur très passionné ; la distraction me plaisait plus que le résultat, j’aimais à me rendre compte de la façon dont vivent les oiselets et je pensais souvent à eux…

Il est si agréable de s’asseoir, seul, au bord d’un champ neigeux et d’entendre les oiseaux gazouiller