Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/232

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— Viens ! Sinon, je te traînerai… par les cheveux…

— Vous me traînerez ? répéta ma mère en se levant ; elle avait blêmi et ses yeux s’étaient durcis.

Rapidement, elle enleva jupes et corsage, puis, lorsqu’elle fut en chemise, elle s’approcha de grand-père :

— Eh bien, traînez-moi !

Les dents découvertes, il la menaça du poing :

— Varioucha, habille-toi !

L’écartant d’un geste, ma mère saisit la poignée de la porte :

— Allons, viens donc !

— Je te maudirai ! chuchota grand-père.

— Cela m’est égal. Venez-vous ?

Elle ouvrit la porte ; mais mon aïeul, la retenant par le pan de sa chemise, tomba à genoux, haletant :

— Varioucha, coquine, tu vas me couvrir de honte ! Et tu seras perdue…

Il geignit encore d’une voix plaintive :

— Mère… mère…

Grand’mère, en agitant le bras, comme pour chasser une poule, barrait déjà le passage à ma mère ; elle la fit rentrer dans la pièce et grommela entre ses dents :

— Varioucha, à quoi penses-tu ? Veux-tu bien rester ici, effrontée !

Elle la poussa encore, puis, après avoir mis le verrou, elle se pencha vers grand-père, qu’elle releva d’une main, tout en le menaçant de l’autre :

— Hou, hou ! Vieux démon, vieux nigaud !