Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/247

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qui perdit la vie. L’enfant fut alors recueilli par son parrain, un menuisier qui l’inscrivit au nombre des membres de sa corporation, à Perm, et commença à lui apprendre le métier qu’il exerçait. Mais bientôt l’apprenti se sauvait et pendant quelque temps vécut en servant de guide à des mendiants aveugles. À seize ans, il arriva à Nijni-Novgorod et s’embaucha chez un entrepreneur de menuiserie batelière. À vingt ans, Maxime était déjà un excellent ébéniste, un parfait tapissier-décorateur. L’atelier où il travaillait touchait aux maisons de grand-père, rue Kovalikha.

— Les clôtures n’étaient pas bien hautes et les garçons peu timides, disait grand’mère avec un petit rire. Un jour, Varioucha et moi, nous cueillions des framboises au jardin, quand tout à coup, voilà ce Maxime qui saute par-dessus la clôture si brusquement qu’il m’a fait peur. Il avançait entre les pommiers, robuste, solide, en blouse blanche, en pantalons de peluche et les pieds nus ; sur ses longs cheveux, il avait une simple bandelette de cuir. C’est dans cet accoutrement qu’il est venu demander Varioucha en mariage. Je l’avais déjà vu auparavant, quand il passait devant nos fenêtres, et chaque fois, je me disais : « Qu’il est bien, ce garçon ! » Lorsqu’il fut tout près de nous, je l’interpellai : « Dis donc, jeune homme, pourquoi ne passes-tu pas par la porte ? » Lui, se mit à genoux et, d’un accent très ému : « Akoulina Ivanovna, me dit-il, me voici tout entier, tel que je suis, dans toute la sincérité de mon âme, et voilà Varioucha : viens à notre secours, au nom du ciel, nous voulons nous marier ! » Je fus tellement abasourdie que j’en restai