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XII


Certain jour, m’étant endormi vers le soir, je sentis en m’éveillant que mes jambes étaient réveillées, elles aussi ; je les sortis du lit, elles me refusèrent tout service, mais je pus me convaincre d’une chose, c’est qu’elles étaient intactes et que je pourrais marcher. Ce fut une impression si nette et si réjouissante que j’en hurlai de bonheur. J’appuyai mes pieds au plancher et je tombai, mais je me traînai quand même à quatre pattes jusqu’à la porte et descendis l’escalier, en m’imaginant l’étonnement de tout le monde quand on me verrait apparaître.

Je ne me rappelle pas comment je me retrouvai sur les genoux de grand’mère, dans la chambre de ma mère ; des gens que je ne connaissais pas étaient là ; entre autres une petite vieille sèche et verte qui disait d’un ton sévère, couvrant toutes les autres voix :