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Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/288

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longtemps ; lorsque ma mère fut sur le point d’accoucher, on me ramena chez grand-père. Il habitait alors rue Kounavine, dans une maison à deux étages, une étroite chambrette dont la fenêtre ouvrait sur la cour. La rue sablonneuse aboutissait au bas de la colline, vers l’enceinte du cimetière qui attenait à l’église des Champs.

— Hein ? — s’exclama-t-il en me voyant revenir, et il se mit à rire et à pousser de petits cris. — On disait qu’il n’y a pas de meilleur ami que sa propre mère, mais aujourd’hui, je crois qu’on remplacera la propre mère par « le vieux diable de grand-père ». Ah ! vous !…

Avant même d’avoir eu le temps de m’accoutumer aux lieux, ma grand’mère et ma mère arrivèrent avec le nouveau-né ; mon beau-père avait été renvoyé de la fabrique parce qu’il volait les ouvriers, mais il s’était présenté ailleurs et on lui avait trouvé un emploi de receveur-distributeur de billets.

De longs jours, vides d’événements, s’écoulèrent ; puis on me réexpédia chez ma mère qui occupait comme logement le sous-sol d’une maison bâtie entièrement en pierre. Dès mon arrivée, elle m’envoya à l’école, mais les premières séances me dégoûtèrent complètement.

Mal vêtu d’un méchant pardessus taillé dans une jaquette de grand’mère, d’une blouse jaune, d’un pantalon à passepoil, chaussé de souliers appartenant à ma mère, je fus immédiatement un objet de risée pour mes camarades, et la blouse jaune, notamment, me valut le surnom de « valet de carreau ». Néanmoins, je m’entendis bientôt avec mes camarades ;